L’Outsider de Stephen King

De quoi ça parle ?

Perdue au fin fond des États-Unis, une petite ville paisible et sans remous bascule de façon inattendue dans un cauchemar sanglant.

Flint City n’attire que très rarement les médias, et peu nombreuses sont les histoires à sensations qui s’y déroulent.

Ainsi, en ce mois de juin, les ultimes assauts de la chaleur écrasante rendent les passants somnolents sous la lumière déclinante du soir. C’est alors qu’un appel à témoins parvient sur le répondeur du poste de police. L’homme au bout du fil, paniqué, a entrevu dans les sous-bois le cadavre d’un petit garçon.

Les forces de l’ordre se rendent immédiatement sur place et constatent une scène surréaliste et glaçante. Un enfant d’une dizaine d’années est étendu sous les bosquets du parc public, mort. Sa tête a été arrachée à coups de dents et une branche a été utilisée pour le violer.

Les inspecteurs sont horrifiés par la violence du meurtre et le détective en charge de l’affaire, Ralph Anderson, se jure de retrouver le coupable.

Commence alors une longue et fastidieuse enquête riche en rebondissements. Les pistes sont trompeuses et la vérité n’est peut-être pas aussi ancrée dans le réel qu’il y paraît. En effet, les premiers résultats scientifiques s’avèrent troublants : les empreintes et l’ADN coïncident avec celles de Terry Maitland, un homme renommé et apprécié de tous. De plus, une foule de témoins l’a aperçu enlevant la victime puis ressortant des arbres, couvert de sang. Excellent coach, père aimant et mari attentionné, le profil n’est pas adéquat mais les preuves sont là et ne peuvent pas mentir, n’est-ce pas ?

C’est en tout cas ce dont Anderson tente de se convaincre car, au fond de lui, il sent et sait que cette enquête ne peut être expédiée aussi rapidement. Mais la pression est forte d’arrêter le criminel et rien n’est là pour contredire la culpabilité de Maitland. L’arrestation se déroule au milieu d’un stade plein, sous les yeux de la femme et des filles de Terry. Le suspect est conduit au poste de police et son interrogatoire débute rapidement.

Néanmoins, les choses commencent à se gâter. Le jour du meurtre, ce coach a été filmé dans la ville d’à côté, lors d’une réunion à laquelle il assistait. Ses empreintes sont sur les lieux et de nombreux témoins rapportent sa présence à l’évènement.

Retour à la case départ, si je puis dire, et incompréhension totale. Comment un homme peut-il se trouver à deux endroits différents au même moment ? La réponse est relativement claire : c’est impossible. Mais, plus les contradictions s’accumulent, plus le rôle du surnaturel s’impose dans le mystère.

Tandis que policiers sont forcés de se rendre à l’évidence, la très chère Holly Gibney (précédemment apparue dans la trilogie Mr Mercedes) sera d’un grand secours au détective Anderson, en lui démontrant que l’impossible est parfois la solution la plus envisageable…

Mon avis :

Stephen King est un auteur très talentueux : nombreux sont ceux qui en conviennent.

Sa plume néanmoins convient mieux aux histoires courtes. Telle est ma conviction.

Je pourrais invoquer Sleeping Beauties,qui ne m’a inspiré qu’un enthousiasme modéré ; ou au contraire Gwendy et la boîte à boutons qui demeure jusqu’à présent pour moi sa meilleure nouvelle.

J’ai donc abordé The Outsider (ou plus simplement L’Outsider en français), pavé de 475 pages, avec un œil sceptique (en dépit d’une certaine avidité et d’attentes toutefois élevées : Stephen King reste Stephen King tout de même). Précisons également que certains avis de proches alimentaient aussi bien mes espérances que mes craintes.

Maintenant que j’ai achevé l’ouvrage, je peux déclarer que j’ai été TRÈS agréablement surprise. Mais faisons les choses dans l’ordre et donnons une structure à cette critique.

  • Plan du roman :

L’histoire commence de façon dynamique et l’incipit est intéressant. L’intrigue, cependant, accroche difficilement, notamment dans les passages consacrés à l’interrogatoire de Terry Maitland qui ralentit tout à coup l’évolution du récit et ennuie un peu le lecteur. Toutefois, il faut bien accorder à l’auteur le mérite d’une entrée en matière relativement magistrale. Bien que peu attrayante aux premiers abords, elle s’assure de faire revenir le lecteur qui souhaite connaître la fin.

D’autant qu’une fois ce cap passé, les péripéties s’enchaînent et le récit gagne en intensité avec une action qui se déroule à un rythme rapide et plein de rebondissements.

Pour terminer, la résolution, qui promettait d’être grandiose, retombe un peu à plat. Certes, elle est très bien menée et construite selon un timing presque parfait, mais (ATTENTION : SPOIL), le lecteur qui depuis le départ se voit promettre une explication rationnelle, est soudain confronté à un dénouement fantastique. En d’autres circonstances, peut-être serait-il acceptable. Ici cependant, l’effet est passablement rebutant car le basculement s’apparente à une facilité.

Figurez-vous que l’on vous demande toute la journée : « À ton avis comment est-ce possible ? Rien ne semble envisageable, n’est-ce pas ? »

Vous répondez qu’en effet, c’est très intriguant et que vous avez hâte d’avoir des explications.

Alors patiemment, vous attendez, mais au moment où vos mains impatientes s’apprêtent à saisir le Saint Graal de l’explication, on vous informe qu’en vérité, si tout semblait impossible, c’est que c’était impossible.

Vous serez un peu déçu.

Enfin, passons outre et gardons un point de vue ouvert et objectif.

  • Les personnages :

Une très grande part du succès de Stephen King est due, à mon humble avis, à son talent descriptif. La vision du monde telle qu’il la transmet à travers ses écrits est vivante, littéralement.

Les personnages sont tantôt attachants, écœurants ou rebutants au gré de la plume de l’auteur qui saisit de manière stupéfiante l’Américain moyen en surpoids et obsédé par les armes à feu. Il ne craint en aucune façon de critiquer son pays et le dépeint de manière crue dans toute sa bassesse et son absurdité.

Nous découvrons également l’anti-portrait de l’inspecteur de police qui n’est ni beau, ni fort, ni alcoolique, ni surtout doté d’une clairvoyance à toute épreuve. Citoyen lambda, le détective Anderson possède quelques kilos en trop et commet de nombreuses erreurs.

  • Thème important :

Bien que l’enquête se porte vers une voie surnaturelle, les forces de l’ordre en charge de l’affaire peinent à croire en une théorie fantastique.

Stephen King aborde de façon détournée l’impossibilité humaine à considérer ce qui n’est pas « possible ». Les preuves ont beau être sous notre nez, les témoins et les documents peuvent continuer à s’accumuler que nous nous acharnerions toujours à nier l’évidence.

  • Détails supplémentaires :

… quelques aspects secondaires du roman, qui s’adressent principalement (je l’avoue) aux lecteurs ayant déjà lus d’autres ouvrages du même auteur.

On retrouve dans The Outsider un schéma répétitif cher au King dans ses histoires. Celles-ci mettent en scène des péripéties qui prennent place au sein d’une petite ville quelconque des États-Unis.

Enfin, je ne peux m’empêcher d’apprécier le clin d’œil dans le personnage de Holly Gibney qui réconforte les nostalgiques des aventures de Bill Hodges.

2 commentaires sur “L’Outsider de Stephen King

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